Quel a été votre parcours professionnel avant de fonder Sotraba ?
Après avoir décroché en 1972 mon diplôme d’ingénieur commercial à la FUCAM et ma certification en informatique de gestion, j’ai eu ma toute première expérience professionnelle chez l’Oréal, qui s’apprêtait à déménager son usine de Drogenbos à Libramont. Comme je n’étais pas disposé à suivre le mouvement, j’ai décroché un emploi de technico-commercial dans une entreprise de construction. Je n’y connaissais rien, mais le salaire était plus intéressant qu’ailleurs, à savoir 35 000 Francs belges ! J’y suis resté 5 ans à vendre des maisons et à comprendre la construction sur les chantiers, muni en permanence de mon glossaire technique … Lorsqu’on m’a refusé de prendre des parts dans l’entreprise, j’ai démissionné, je suis fondamentalement un impatient !
Lors de mon passage dans une autre entreprise de construction, en qualité de vendeur, un ami me fait part d’un poste à pourvoir dans le même domaine, non plus dans la vente cette fois, mais dans la gestion. Je me suis dit que j’allais enfin faire mon vrai métier ! Dont acte mais, à nouveau, la possibilité d’y prendre des parts m’échappe. J’ai 31 ans et l’envie d’un projet personnel me taraude fortement, dans le contexte économique pourtant défavorable du début des années 80. Après avoir étudié quelques opportunités dans d’autres domaines, je me suis recentré sur celui que je connaissais finalement le mieux, et dans lequel j’ai en réalité été baigné depuis longtemps. En effet, dès l’âge de 16 ans, je contribuais au financement de mes études en travaillant pour une entreprise de maçonnerie durant les vacances. Et durant mon temps libre, je m’amusais à tracer des plans, rêvant à des études d’architecture, qui m’ont été déconseillées par mon entourage. Mais il faut croire que le passé nous rattrape toujours, puisque j’ai finalement fait le choix de fonder une entreprise de construction… Quant à sa dénomination, je la voulais claire et susceptible d’apparaître comme une société établie de longue date : « SO » pour société, « TRA » pour Travaux et « BA » pour Bâtiment. Le 27 janvier 1981, SOTRABA était née !
Quelles ont été les grandes étapes de Sotraba ?
J’ai commencé par développer mes activités au sein de la maison de famille (derrière le bâtiment actuel construit en 1999, ndlr), en commençant par diffuser de petites annonces… J’avais appris à faire des devis et des métrés, à maîtriser les prix, négocier les matériaux, et j’ai fait appel à des sous-traitants que j’avais connus tout au long de mon parcours professionnel. Comme j’ai aimé cette énergie des commencements !
Le premier tournant date de 1985-1986, lorsque j’ai constaté que les prix du foncier augmentant, la variable d’ajustement par rapport au budget total d’un candidat constructeur se portait désormais sur la construction, et non plus le terrain. Cela entraînait inévitablement des négociations sur les prix, et partant, un problème de rentabilité. La solution était de passer de l’activité de constructeur à celle de promoteur, en acquérant des terrains afin de maîtriser ce coût et de protéger une marge de négociation, qui est ténue et donc vitale dans la construction. C’est ainsi que je me suis constitué au fil du temps un portefeuille de terrains, ce qui est à l’origine du second tournant, en 2011.
Informé de mes propriétés foncières, Louis-Marie Piron (fondateur de Thomas & Piron, ndlr) s’est en effet présenté pour me proposer une collaboration, que j’ai acceptée à la condition expresse que son entreprise rachète Sotraba, que je souhaitais vendre étant donné que mes deux filles ne souhaitaient pas poursuivre l’activité de construction. C’est ainsi que Thomas & Piron a acquis 100% du portefeuille d’activités de Sotraba afin d’avoir la disponibilité des terrains (qui sont la propriété d’une autre société, Smet Gestion Commerce SPRL, ndlr). Ayant gardé le poste de directeur, j’ai poursuivi l’acquisition de nouveaux terrains que je mettais à la disposition de Sotraba. Bref, je continuais mon métier ! Puis, observant le développement très positif de Sotraba, Thomas & Piron m’a proposé de redéployer l’entreprise au lieu de l’éteindre comme il avait été programmé de le faire. Parallèlement, nous avons créé ensemble la société immobilière Immo Arquennes pour l’acquisition de terrains. Le modèle économique de Sotraba a pu ainsi se perpétuer, avec une autonomie totale dans sa gestion, et passant d’un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros en 2012 à 35 millions aujourd’hui, soit 5 fois plus….