Quelles ont été les grandes étapes de Sotraba ?
J’ai commencé par développer mes activités au sein de la maison de famille (derrière le bâtiment actuel construit en 1999, ndlr), en commençant par diffuser de petites annonces… J’avais appris à faire des devis et des métrés, à maîtriser les prix, négocier les matériaux, et j’ai fait appel à des sous-traitants que j’avais connus tout au long de mon parcours professionnel. Comme j’ai aimé cette énergie des commencements !
Le premier tournant date de 1985-1986, lorsque j’ai constaté que les prix du foncier augmentant, la variable d’ajustement par rapport au budget total d’un candidat constructeur se portait désormais sur la construction, et non plus le terrain. Cela entraînait inévitablement des négociations sur les prix, et partant, un problème de rentabilité. La solution était de passer de l’activité de constructeur à celle de promoteur, en acquérant des terrains afin de maîtriser ce coût et de protéger une marge de négociation, qui est ténue et donc vitale dans la construction. C’est ainsi que je me suis constitué au fil du temps un portefeuille de terrains, ce qui est à l’origine du second tournant, en 2011.
Informé de mes propriétés foncières, Louis-Marie Piron (fondateur de Thomas & Piron, ndlr) s’est en effet présenté pour me proposer une collaboration, que j’ai acceptée à la condition expresse que son entreprise rachète Sotraba, que je souhaitais vendre étant donné que mes deux filles ne souhaitaient pas poursuivre l’activité de construction. C’est ainsi que Thomas & Piron a acquis 100% du portefeuille d’activités de Sotraba afin d’avoir la disponibilité des terrains (qui sont la propriété d’une autre société, Smet Gestion Commerce SPRL, ndlr). Ayant gardé le poste de directeur, j’ai poursuivi l’acquisition de nouveaux terrains que je mettais à la disposition de Sotraba. Bref, je continuais mon métier ! Puis, observant le développement très positif de Sotraba, Thomas & Piron m’a proposé de redéployer l’entreprise au lieu de l’éteindre comme il avait été programmé de le faire. Parallèlement, nous avons créé ensemble la société immobilière Immo Arquennes pour l’acquisition de terrains. Le modèle économique de Sotraba a pu ainsi se perpétuer, avec une autonomie totale dans sa gestion, et passant d’un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros en 2012 à 35 millions aujourd’hui, soit 5 fois plus….
Que signifie à vos yeux la promesse « Proche de vous » de Sotraba ?
Il s’agit d’une double proximité, dont le premier sens est géographique. Sotraba s’est en effet imposée un rayon d’action limité dans un but à la fois d’efficacité et de protection de nos clients, c’est-à-dire pouvoir être sur les chantiers en peu de temps et avoir le contrôle sur tout ce qui est fait. « Proche de chez vous » équivaut ainsi à « proche de chez moi », ce qui signifie une parfaite connaissance à la fois de l’environnement dans lequel le travail est fait et des personnes avec lesquelles on travaille, en l’occurrence des sous-traitants très réguliers et justement rémunérés. Ils font en conséquence très bien leur travail, et ne manquent jamais de revenir sur un chantier si une malfaçon a été constatée, nos clients le savent très bien. Car la construction est une œuvre d’Homme, l‘erreur est donc possible. Le problème, ce n’est pas de faire une erreur, c’est de ne pas la réparer. Ne pas nier ce qui a été fait, et s’assurer que ce sera bien refait. Pour cela, il faut être respecté et rémunéré justement pour son travail !
Le second sens est bien entendu humain, et définit l’étroite communication que nous établissons avec nos clients pour qu’ils soient parfaitement entourés et rassurés durant toute la durée de la construction de leur logement. De tout cela découle un réel esprit familial, qui se vit aussi à l’intérieur de l’entreprise avec mes collaborateurs de longue date ainsi que mes deux filles. Alexia, la cadette, qui connaît très bien le monde de la construction, s’occupe du contrôle de gestion et Ingrid est, quant à elle, architecte d’intérieur et détermine la configuration et les finitions de tous les logements qui ne sont pas vendus sur plans et qui ne requièrent pas de personnalisation par nos clients, ce qui est le rôle de Valérie Dufour.
Vous allez sur vos 74 ans cette année. Le temps du passage de relais est-il venu ?
Certes, c’est la vie ! Mais je n’ai aucune crainte pour la suite. La relève est déjà bien assurée en la personne de Vincent De Tournay, notre nouveau directeur depuis mars 2023, qui bénéficie de solides et précieux collaborateurs : Valérie Vrancken, notre directrice financière qui est avec nous depuis 22 ans ; Philippe Courtoy, notre directeur des études, qui est avec nous depuis l’âge de 18 ans ; Erberto Gargano, notre directeur technique, qui a gravi tous les échelons au sein de Sotraba et, surtout, Bruno Mernier, notre ingénieur civil chargé du développement, qui nous a rejoint en 2012 après avoir travaillé chez Thomas & Piron pendant plus de 15 ans.
Quant à moi, je fais toujours partie du conseil d’administration, et je reste un soutien, tout en prenant dès à présent le recul nécessaire. Je continue néanmoins l’acquisition de terrains, car il s’agit là d’une activité très particulière, qui ne se transmet que très difficilement. Tant que je serai en état de le faire, je poursuivrai donc la gestion de notre portefeuille de terrains, dont le stock actuel permettra déjà de développer de beaux projets, qui viendront s’ajouter aux plus de 3 000 maisons et 1 500 appartements construits à ce jour par Sotraba.